Impact du changement climatique sur la flore française : de nouveaux résultats inédits

Résultats scientifiques écologie évolutive & Biodiversité

Une équipe de chercheurs du Centre d’Ecologie et des Sciences de la Conservation (CESCO - MNHN/CNRS/SU), de l'Institut des Sciences de l'Evolution de Montpellier (ISEM - CNRS/Univ Montpellier/IRD/EPHE)  et de l’Institut d'ecologie et des sciences de l'environnement de Paris (IEES - CNRS/Univ Sorbonne Université/ Univ Paris-est Creteil Val-de-Marne/Inra/IRD), vient de publier dans la revue Biology Letters de nouveaux résultats montrant que la flore française est en train de changer sous l’effet du réchauffement climatique.

Tous les ans, dans le cadre du programme de sciences participatives Vigie-Flore, une centaine de bénévoles, botanistes amateurs ou professionnels, échantillonnent la flore sauvage aux quatre coins de la France, tous de la même façon, et partagent leurs données avec le Muséum national d'Histoire naturelle. Cet effort collectif a permis de caractériser la flore de 3118 sites sur une période de neuf ans (2009-2017).  A travers ces milliers de données, concernant 2428 espèces de plantes, les chercheurs ont découvert que l’identité et l’abondance des espèces présentes à un endroit donné a changé depuis 2009 : la végétation est composée de plus en plus d’espèces tolérant bien les températures élevées, au détriment des espèces préférant les climats plus frais.

Selon les scientifiques, ces variations seraient imputables au changement climatique. En effet l’augmentation moyenne des températures au cours de la décennie a favorisé le maintien et l’implantation des plantes à préférence thermique forte, c’est-à-dire celles qui tolèrent le mieux la chaleur. Ces espèces tendent à devenir plus abondantes là où elles étaient déjà présentes, et investissent par ailleurs de nouveaux territoires. Parmi elles, on retrouve certaines graminées comme l’Avoine barbue (Avena barbata) ou le Brome de Madrid (Anisantha madritensis). A l’inverse, les espèces à préférence thermique faible voient en moyenne leur abondance décliner et perdent du terrain face à l’augmentation des températures : ce sont par exemple la Renouée faux-liseron (Fallopia convolvulus) ou le Cerfeuil sauvage (Anthriscus sylvestris).

C'est donc la première fois qu'une réponse de la flore française au changement climatique est détectée sur une période aussi courte, malgré les faibles capacités de déplacements des plantes. L’échelle nationale de cette étude est aussi inédite. Ce phénomène global est en effet observé ici principalement en plaine dans l’ensemble des milieux, qu’ils s’agissent des milieux urbains, prairiaux, agricoles, forestiers… Les prochaines étapes permettront d’évaluer si ces modifications de la flore française sont suffisantes ou au contraire trop lentes pour faire face aux futurs changements climatiques.

 

Référence

Short-term climate-induces change in French plant communities. Biology Letters 2019 Martin. G, Devictor.V, Motard.E, Machon.N, Porcher.E doi/10.1098/rsbl.2019.0280

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