La réutilisation de plantes polluées, une solution innovante en agroécologie

Résultats scientifiques

Une étude publiée dans Nature Communications  révèle que les plantes polluées des stations d’épuration, considérées comme des déchets ultimes, peuvent être valorisées sous forme de purin. Grâce à un consortium microbien, ce processus permet de réduire jusqu’à 95% des polluants et de produire des molécules aux propriétés biostimulantes et phytoprotectrices. Ces purins représentent une nouvelle alternative à l’utilisation des pesticides, un espoir pour l’agroécologie.

En résumé

  • Une solution fondée sur la nature permet de transformer les plantes polluées de station d'épuration en purin valorisable 
  • Le consortium microbien issu de ce purin élimine plus de 90% des polluants
  • Ce purin, aux propriétés biostimulantes et phytoprotectrices, peut être considéré comme une alternative aux pesticides 

Les stations d’épuration végétalisées, également appelées "filtres plantés de roseaux", utilisent principalement des roseaux pour nettoyer les eaux usées domestiques par le biais de la phytoremédiation. De plus en plus répandues à travers le monde en raison de leur faible coût, ces installations génèrent cependant de grandes quantités de tissus végétaux pollués, alors considérés comme des déchets inutilisables. 

Des chercheurs de l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC – CNRS / Université de Strasbourg) et leurs collègues se sont penchés sur la réutilisation des roseaux et des orties pollués issus de ces stations. Ces végétaux contaminés ont été transformés en purin grâce un processus de fermentation naturelle sans apport d’énergie, reposant sur une approche simple et fondée sur la nature. 

Les résultats montrent que cette méthode est un moyen durable d'éliminer 87 à 95 % des polluants organiques persistants présents dans les tissus végétaux. Pour comprendre les mécanismes biologiques en jeu lors de la production de purin, les chercheurs ont utilisé une approche multiomique1 , qui a permis d’identifier un consortium de bactéries et de champignons ayant une activité cellulolytique2 , responsable de la dégradation des polluants. 

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Production de purin à partir de roseaux (Phragmites australis) et d’orties (Urtica dioica) pollués venant de station d’épuration végétalisée, permettant la valorisation d’un déchet ultime. Ces purins éliminent 87-95% des polluants, tout en produisant des molécules biostimulantes et phytoprotectrices pour les plantes de culture. © 

Le purin ainsi obtenu présente des effets bénéfiques sur la croissance des plantes de culture affectées par la présence de pathogènes et offre une alternative naturelle à l'emploi de pesticides en agriculture. Cette solution simple et intéressante économiquement ouvre de nouvelles perspectives pour la gestion des végétaux contaminés issus des stations d'épuration, tout en contribuant à une agriculture plus durable et responsable.

 

Crédit photo bandeau haut de page : © Cyril FRESILLON/IRSTEA/CNRS Images

  • 1La multiomique est une discipline combinant les dernières avancées des biotechnologies en "omique", pour cette étude la métabolomique (étude des métabolites présents dans un organisme) et la métagénomique (étude de l'ensemble de l'ADN d'un organisme).
  • 2Capacité à dégrader la cellulose en mollécules plus simples, comme le cellobiose et le glucose.

Laboratoire CNRS impliqués 

  • Institut pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC - CNRS/Université de Strasbourg)
  • Institut de Biologie Moléculaire des Plantes (IBMP - CNRS, Université de Strasbourg)

Référence de la publication

Butcher, J., Villette, C., Zumsteg, J., Maurer, L., Barchietto, T., Rigo, R., Floch, K., Cseh, A., Buchet, S., Stintzi, A., & Heintz, D. (2025). Microbial bioremediation of persistent organic pollutants in plant tissues provides crop growth promoting liquid fertilizer. Nature Communications, 16(1). Publié le 1er Juillet 2025.

Contact

Dimitri Heintz
Institut pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC - CNRS/Université de Strasbourg)