François FourelIngénieur en spectrométrie des isotopes stables
Tracer les environnements passés pour comprendre le vivant
Responsable des analyses physico-chimiques et de la plateforme d’écologie isotopique du Laboratoire d'Écologie des Hydrosystèmes Naturels et Anthropisés (LEHNA – CNRS / Univ. Claude Bernard Lyon 1), François Fourel est ingénieur en spectrométrie des isotopes stables. Après une première carrière effectuée dans le privé, il rejoint le CNRS en 2004 pour développer de nouvelles méthodes d’analyse des isotopes, contribuant à des avancées majeures en géochimie et en écologie. Il collabore avec des archéologues, des paléontologues ou encore des climatologues pour mieux comprendre les interactions passées entre milieux et sociétés, éclairant ainsi l’origine des molécules dans les environnements naturels. Lauréat de la médaille de cristal 2025 du CNRS, il fait valoir un parcours atypique, guidé par une grande maîtrise technique et une curiosité toujours en éveil.
Géochimiste de formation, il s’est imposé comme un spécialiste des isotopes stables et de leur analyse par spectrométrie de masse. Avant de rejoindre le CNRS en 2004, il a évolué dans le secteur de l’industrie durant près d’une quinzaine d’années, en dirigeant notamment le département "Isotopes stables" du fabricant d’instruments Micromass (aujourd’hui Elementar). Son parcours atypique a nourri une capacité rare à innover. François Fourel a notamment mis au point de nouveaux traceurs géochimiques des milieux de vie des vertébrés, à partir du soufre et de l’oxygène.
Sa technique de miniaturisation des analyses des rapports isotopiques de l’oxygène et du carbone issus des carbonates, conduisant à des masses d’échantillons inférieures à 10 microgrammes, a permis de mettre en lumière le milieu de vie des premiers tétrapodes, ainsi que les environnements fréquentés par certaines populations gallo-romaines. A travers une approche multidisciplinaire, il explore l’origine des molécules dans les archives naturelles ou anthropiques – fossiles, ossements, coquilles, aliments – pour reconstituer des environnements anciens ou mieux comprendre les effets du changement climatique, dont il rappelle la complexité : « son évolution demeure presque aussi difficile à prévoir qu’un tremblement de terre. Le climat est une machine compliquée, qui prend en compte des phénomènes à différentes échelles, de la montagne située juste à côté de chez nous en passant par l’activité solaire… »
Lauréat 2025 de la médaille de cristal du CNRS, il voit dans cette distinction la reconnaissance d’un travail collectif pour le LEHNA : « Je suis également sensible au fait que je n’ai pas effectué toute ma carrière au CNRS, que j’ai changé d’unité de recherche, que je suis passé des sciences de la Terre à l’environnement. Cela démontre qu’il n’est pas obligatoire de travailler 30 ans sur les mêmes sujets pour être reconnu ».