Le réchauffement climatique, en modifiant les cycles saisonniers de la biodiversité, perturbe son équilibre

Résultats scientifiques

Les phénomènes climatiques extrêmes s’avèrent de plus en plus fréquents, sans que l’on sache vraiment comment seront impactés les écosystèmes. Dans une étude publiée dans la revue Scientific Report, des chercheurs du CEFE font état d’activités saisonnières anormales chez les plantes et les animaux en Europe et dans d'autres pays du monde depuis 2015. Ces perturbations sans précédent et liées au réchauffement climatique pourraient avoir des conséquences importantes sur la dynamique de la biodiversité et des écosystèmes.

En résumé

  • Les rythmes d’activité saisonnière des plantes et des animaux sont de plus en plus souvent déréglés et ont des conséquences graves pour l’agriculture, la forêt et la biodiversité.
  • Ces perturbations sont liées à des étés très chauds et secs, et des conditions automnales et hivernales très douces.
  • Il est urgent de développer de nouvelles approches pour surveiller et comprendre ces phénomènes.

Depuis 2020, l’accélération du changement climatique est de plus en plus perceptible, caractérisée par une augmentation des événements extrêmes qui ont des répercussions directes sur la biodiversité et les écosystèmes. Face à ces perturbations, les plantes et les animaux tentent de s’adapter en modifiant leurs cycles saisonniers. Mais ces ajustements, comme l’avancement de la reprise d’activité au printemps, se heurtent à certaines limites, notamment pour les arbres, en raison de leur besoin en froid lors de la période hivernale pour un développement optimal.

Grâce aux données compilées par le réseau TEMPO et à celles collectées par les programmes de sciences participatives « Observatoire des Saisons » et « Phenoclim », une équipe composée notamment de chercheurs du Centre d’Écologie Fonctionnelle et Évolutive (CEFE - CNRS / EPHE - PSL / IRD / Univ. Montpellier) révèle des anomalies inédites dans le comportement des plantes et des animaux depuis 2015 en France. 

Celles-ci concernent principalement des floraisons et débourrements [éclosion des bourgeons] en automne et en hiver, alors qu’ils devraient se produire au printemps. À cause de températures anormalement élevées lors de l’hiver 2015-2016, certaines espèces ont fleuri jusqu’à 80 jours plus tôt qu’au début du XXe siècle. Les scientifiques notent aussi des feuilles persistantes en hiver, ainsi que des nouvelles productions de feuilles après des périodes de canicule ou de sécheresse. Ces perturbations saisonnières affectent également certains poissons qui ne migrent pas. 

Une recherche menée sur les réseaux sociaux et dans les médias en langue française, anglaise et espagnole, a montré que ces anomalies ont été régulièrement observées depuis 2015 dans les régions tempérées, notamment en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord, mais aussi en Asie, en Australie et en Amérique du Sud.

Leur fréquence et leur intensité sont sans précédent dans l’histoire des sciences du climat et illustrent l’accélération et l’intensité des bouleversements climatiques récents.

Ces phénomènes soulèvent des questions cruciales sur notre compréhension des mécanismes régulant les processus biologiques, sur notre capacité à les prédire, mais aussi sur les protocoles utilisés par les scientifiques pour les enregistrer. Face à l’urgence écologique, il devient essentiel de développer de nouvelles approches pour mieux surveiller et comprendre ces changements, dont la fréquence future reste incertaine, mais dont les conséquences sur le fonctionnement des agroécosystèmes, la biodiversité, les activités humaines et l’économie pourraient être majeures. 

saison
Exemples d'anomalies dans l'activité saisonnière des plantes. © Tempo

 

Crédit photo bandeau haut de page : © Cyril FRESILLON / BIAM / CNRS Images

Référence de la publication

Chuine, I., De Cortazar-Atauri, I. G., Jean, F., & Van Reeth, C. (2025b). Living things are showing increasing anomalies in their seasonal activity, which could disrupt the dynamics of biodiversity and ecosystems. Scientific Reports. Publié le 25 septembre 2025.

Laboratoires CNRS impliqués 

  • Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE - CNRS / EPHE - PSL / IRD / Univ Montpellier)

Contact

Isabelle Chuine
Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE - CNRS / Univ. Montpellier / Univ. Paul Valery Montpellier / EPHE / IRD)