© Charlotte Bernard / CNRS

Laure SégurelChargée de recherche

Médaille de bronze du CNRS

Déchiffrer les empreintes des changements d'environnement sur notre génome 

À la croisée des chemins entre biologie évolutive, génétique et anthropologie, ses travaux explorent la façon dont certaines transitions culturelles, telles que l’essor de l’agriculture ou l’urbanisation, ont façonné notre génome et notre microbiote. En s’appuyant à la fois sur des données d’ADN ancien et moderne, la chargée de recherche au laboratoire de biométrie et biologie évolutive (LBBE – CNRS / Université Claude Bernard Lyon 1 / VetAgro Sup) met en évidence l’influence des pratiques alimentaires, telles que la consommation de lait, sur l’évolution humaine. Ses recherches sur la variabilité du microbiome intestinal, notamment au Cameroun, éclairent aussi les liens entre environnement, société et santé. Son approche interdisciplinaire, ouverte sur l’international, s’inscrit dans une dynamique collective ancrée dans le temps long de l’histoire humaine.

Spécialiste de génétique évolutive humaine, Laure Ségurel s’intéresse à la manière dont nos modes de vie, passés et présents, ont façonné notre biologie. Elle concentre ses recherches sur des périodes de transition majeures, en particulier la révolution néolithique et le passage du mode de vie de chasseurs-cueilleurs à celui d’éleveurs-agriculteurs. Ces changements culturels ont entraîné de nouvelles pressions de sélection, dont certaines sont encore observables dans notre génome aujourd’hui. 

Travailler sur l’ADN ancien, c’est dialoguer avec des génomes du passé pour mieux comprendre le présent.

Certains de ses travaux les plus marquants portent sur l’évolution de la capacité à digérer le lait à l’âge adulte. En combinant à la fois des données d’ADN ancien et moderne, Laure Ségurel a mis en évidence que certaines populations se sont adaptées génétiquement, tandis que d’autres se sont adaptées culturellement, en transformant le lait grâce aux bactéries de l’environnement et en le consommant sous forme fermentée. « J’aime le dialogue entre les données biologiques et les données culturelles. Cela ouvre des pistes de réflexion sur ce que nous sommes, mais aussi sur ce que nous devenons », explique-t-elle. Laure Ségurel s’est en parallèle intéressée à l’impact de l’urbanisation et des régimes alimentaires sur le microbiote intestinal au Cameroun. 

Le microbiote est un témoin sensible de notre histoire évolutive et de nos pratiques culturelles.

En collaboration avec des chercheurs internationaux, elle a contribué à identifier les facteurs influençant la variabilité du microbiome dans des environnements moins industrialisés. Elle a par ailleurs élargi son champ d’étude pour décrypter comment l’urbanisation grandissante influence l’évolution de la faune sauvage ou domestique. « Mon regard se déplace de l’anthropologie vers l’écologie, et du passé lointain vers l’avenir de certaines espèces ».