Comment la migration façonne la vie des flamants roses
Une étude menée par le LBBE et le CEFE parue dans la revue PNAS, révèle que le comportement migratoire des flamants roses module leur rythme de vieillissement. Les individus migrateurs connaissent un début de vie plus risqué, mais vieillissent plus lentement que les flamants roses sédentaires.
En résumé
- Le suivi à long terme de plus de 40 ans du flamant rose apporte un nouvel éclairage sur les effets de la migration sur sa sénescence.
- Les individus non migrateurs ont plus de chances de se reproduire et vivent plus longtemps, mais ils vieillissent plus rapidement.
- Cette étude interroge sur les effets des déplacements chez l’être humain.
Grâce à plus de quarante ans de suivi en Camargue de flamants roses bagués dès la naissance à l’institut de recherche de la Tour du Valat, des chercheurs du Laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive (LBBE - CNRS / VetAgro Sup / Université Claude Bernard) et du Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE - CNRS/EPHE/IRD/Univ Montpellier) ont analysé l’impact des comportements migratoires sur la longévité et le vieillissement. Le flamant rose (Phoenicopterus roseus) se révélant l’une des espèces d’oiseaux les plus longévives sous nos latitudes avec une espérance de vie de cinquante ans, il constitue un modèle particulièrement pertinent pour étudier ces phénomènes.
Les flamants roses non-migrateurs, aussi appelés résidents, présentent une probabilité de reproduction plus élevée au début de leur vie d’adulte. Cependant, cette précocité s’accompagne d’une sénescence plus marquée, c’est-à-dire une baisse de leurs performances vitales et reproductives en fin de vie. À l’inverse, les migrateurs s’avèrent plus exposés à des risques de mortalité en début de vie. Mais pour ceux qui survivent, leur sénescence est moins prononcée, avec un déclin de leurs performances plus lent.
Malgré un vieillissement plus rapide, les résidents vivent en moyenne plus longtemps que les migrateurs, soulignant les conséquences à long terme de ces stratégies comportementales.
Cette étude apporte un nouvel éclairage sur les effets de la migration sur la sénescence, rarement explorés en raison de la nécessité d’un suivi d’espèce à long terme. Le caractère partiellement migrateur du flamant rose a permis d’observer des « variations intraspécifiques » de vieillissement.
Ces travaux mettent en lumière le rôle essentiel de la migration dans le cycle de vie de milliers d’espèces, et in fine sur les trajectoires de vie des animaux. Les conséquences peuvent différer selon les espèces, conduisant à des recherches approfondies sur le sujet et soulevant des interrogations sur l’impact des déplacements chez l’humain, dont les conséquences sur le vieillissement restent mal connues.
Laboratoires CNRS impliqués
- Laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive (LBBE - CNRS / VetAgro Sup / Université Claude Bernard)
- Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE - CNRS/EPHE/IRD/Univ Montpellier)
Référence de la publication
Cayuela, H., Roques, S., Arnaud, A., Germain, C., Béchet, A., & Champagnon, J. (2025). Migration shapes senescence in a long-lived bird. Proceedings Of The National Academy Of Sciences. Publié le 25 août 2025.