Entre réalité de gestion et optimisation écologique, comment diversifier nos forêts ?
Une équipe menée par des chercheurs du Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE) montre, dans une étude parue dans Nature Communications, que l’agencement spatial des arbres de différentes espèces dans les forêts mixtes joue un rôle clé dans l’optimisation de fonctions telles que la productivité forestière, le stockage du carbone et le recyclage des nutriments. Ces effets sont renforcés par le nombre d'espèces présentes, soulignant l'importance de l'organisation spatiale et de la diversité d’arbres pour optimiser les bénéfices écologiques des programmes de reboisement.
En résumé
- La plantation de forêts riches en espèces d’arbres variées est un enjeu majeur face au changement climatique et au maintien des fonctions écosystémiques.
- L’hétérogénéité spatiale des espèces d'arbres améliore la productivité forestière, la répartition de la litière et sa décomposition.
- Planter différentes espèces en lignes permet de concilier facilité de gestion et bénéfices de la biodiversité.
Les programmes d'afforestation et de reforestation [boisement et reboisement] sont reconnus comme des stratégies de lutte contre le changement climatique, l’érosion de la biodiversité et la perte des services écosystémiques. Bien que la plantation de forêts diversifiées soit réputée pour favoriser ces bénéfices, les techniques utilisées, notamment l’agencement spatial des espèces, restent peu explorées et se confrontent souvent aux contraintes de gestion sur le terrain.
Dans une étude menée par des chercheurs du Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE - CNRS / Univ. Montpellier / EPHE / IRD), différentes simulations d’agencements spatiaux de plusieurs espèces d’arbres ont été réalisées, sur la base de mesures de terrain effectuées en Chine subtropicale. Les différents scénarios testés, allant du regroupement par espèces aux distributions aléatoires, abordaient aussi la plantation en ligne d’espèces variées, une approche susceptible de répondre aux enjeux pratiques rencontrés par les gestionnaires forestiers.
Les résultats obtenus suggèrent qu’une plus grande hétérogénéité spatiale des espèces favorise une production accrue de biomasse forestière. Cet effet s’observe dans les forêts composées de plusieurs espèces d’arbres, où sont également constatées une répartition plus homogène de la litière [ensemble de feuilles mortes et débris végétaux en décomposition qui recouvre le sol], une augmentation de sa décomposition, ainsi qu’une amélioration des cycles associés de l’azote et du carbone. Ces conséquences sur la dynamique des nutriments forestiers s'avèrent renforcées par une augmentation de la richesse spécifique [nombre d'espèces présentes dans un milieu donné], allant de deux à huit espèces.
Ainsi, un agencement spatial adéquat des arbres constitue une solution efficace et relativement simple à mettre en oeuvre pour maximiser l’effet positif de la biodiversité sur le bon fonctionnement des écosystèmes.

Laboratoires CNRS impliqués
- Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE - CNRS / Univ. Montpellier / EPHE / IRD)
Référence de la publication
Beugnon, R., Albert, G., Hähn, G., Yu, W., Haider, S., Hättenschwiler, S., Davrinche, A., Rosenbaum, B., Gauzens, B., & Eisenhauer, N. (2025). Improving forest ecosystem functions by optimizing tree species spatial arrangement. Nature Communications. Publié le 9 Juillet 2025.