Lancement du Réseau de recherche international « Les Sciences et la Grande Muraille Verte »

Institutionnel International

Les recherches sur la Grande Muraille Verte, initiées par des chercheurs du CNRS et de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) à Dakar, essaiment aujourd’hui, après une dizaine d’années d’existence de l’Observatoire Hommes-Milieux international Téssékéré1 , créé et soutenu depuis 2009 par l’Institut écologie et environnement (INEE) du CNRS. En effet, le CNRS et ses partenaires ont lancé le Réseau de recherche international « Les sciences et la Grande Muraille Verte » (IRN SciencesGMV), le 18 mars 2023 à Widou Thiengoly (Sénégal), sur le tracé de la Grande Muraille Verte.

  • 1Les Observatoires Hommes-Milieux (OHM) constituent un dispositif de recherche permettant l’étude de l’évolution de socio-écosystèmes à partir d’un temps 0 constitué d’un fait anthropique majeur perturbant l’équilibre précédent. Le dispositif OHM a été conçu et développé par l’INEE depuis 2007. Pour l’OHM international Tessékéré, ce temps 0 est la décision, en 2007, par 11 pays sahéliens de mettre en œuvre une Grande muraille verte pour lutter contre la désertification. L’OHMI Téssékéré est l’un des 13 Observatoires hommes-milieux, en France et à l’étranger, structurés en réseau et soutenus par l’INEE et par le Labex DRIIHM (Dispositif de Recherche Interdisciplinaire sur les Interactions Hommes-Milieux).
Lancement de l’IRN « Les sciences et la Grande Muraille Verte » le 18 mars à Widou Thiengoly avec des chercheurs et représentants institutionnels
Lancement de l’IRN « Les sciences et la Grande Muraille Verte » le 18 mars à Widou Thiengoly avec des chercheurs et représentants institutionnels ©Eudora Berniolles

Un Réseau de recherche international en prise avec les problématiques des acteurs de la Grande Muraille Verte

La Grande Muraille Verte, qui est au cœur de la construction du nouveau Réseau de recherche international (International Research Network – IRN) « SciencesGMV », labellisé par le CNRS, est un projet d’envergure, créé en 2007 par 11 Etats sahéliens, pour lutter contre la désertification. Le but initial était de régénérer les écosystèmes dégradés par de grandes sécheresses et par une pression anthropique liée au pâturage de troupeaux de bétail transhumants. La mise en œuvre principale de cette régénération passe essentiellement par des actions de végétalisation et reboisement sur une bande traversant le continent africain d’Ouest en Est sur 7800 km. Elle intègre depuis quelques années une approche plus holistique d’aménagement du territoire dans ces pays sahéliens. En effet, les évolutions de l’environnement et des populations locales se jouent aussi ailleurs, dans le rapport urbain / rural, dans des problématiques de disponibilité et d’accès aux ressources (eau, énergie) par exemple, sans oublier les questions d’insécurité.

Plants d'arbres locaux
Plants d’arbres locaux destinés à être plantés sur des parcelles de la Grande Muraille Verte au Sénégal ©Eudora Berniolles

L’objectif du Réseau « SciencesGMV » est de créer et d’animer un réseau de recherche interdisciplinaire, interinstitutionnel et international sur la Grande Muraille Verte dans le Sahel, en impliquant dans un premier temps  des chercheurs basés au Sénégal2 , au Burkina Faso3 , au Niger4 , au Tchad5 et en France6 . Dans ce contexte, un dialogue avec les agences de la Grande Muraille Verte, ainsi que d’autres acteurs du territoire et les populations locales, est considéré comme essentiel pour mener à bien ce grand projet.

Ainsi, le lancement officiel de ce nouveau Réseau s’est déroulé à Widou Thiengoly (Sénégal), avec la participation de l’Agence Panafricaine de la Grande Muraille Verte, dont le siège se trouve à Nouakchott en Mauritanie, et de représentants des agences nationales de 6 pays membres : le Sénégal, le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Tchad et l’Ethiopie. Ce nouveau Réseau de recherche international se positionne ainsi dès sa création, en prise avec les problématiques des agences de la Grande Muraille Verte. Des liens seront également établis avec un autre réseau de recherche, actuellement en cours de création et labellisé par l’IRD (Institut de recherche pour le développement), rassemblant des chercheurs et acteurs d’autres pays de la Grande Muraille Verte.

Un Réseau de recherche international alimenté par des projets de recherche

Ce nouveau Réseau prend appui sur des résultats scientifiques déjà obtenus, mais sera également le point de départ de projets de recherche, permettant d’éclairer et de participer aux dynamiques du socio-écosystème à l’échelle régionale.

Ainsi, pour mieux s’appuyer sur l’existant, le lancement du Réseau s’est déroulé après un séminaire de restitution de recherches menées sur les « Dynamiques Sahéliennes ». Ce colloque a été organisé les 15 et 16 mars à l’Université Cheikh Anta Diop à Dakar et a permis de présenter les résultats de travaux de recherche effectués au Sénégal et au Burkina Faso, à la fois en termes écologiques, économiques et sociaux. Parmi les thématiques et les enjeux présentés, il s’agissait de faire un état des lieux de la biodiversité et de son évolution, de méthodologies et de marqueurs de suivi, d’échanger sur les dynamiques des populations pastorales, de partager des résultats sur les usages et la valorisation possible de plantes locales, la confrontation des savoirs endogènes sur les plantes et d’études chimiques et écotoxicologiques.

L'élevage et le pastoralisme sont une activité humaine d'importance dans les dynamiques sur les territoires de la Grande Muraille Verte
L’élevage et le pastoralisme sont une activité humaine d’importance dans les dynamiques sur les territoires de la Grande Muraille Verte ©Eudora Berniolles

Enfin, pour se projeter sur l’avenir, un nouveau projet de recherche international, intitulé « La Grande Muraille Verte et les imaginaires environnementaux sahéliens : green fix et la persistance d’une idée politique », et cofinancé pour trois ans par l’ANR en France, la DFG (Fondation allemande pour la recherche) en Allemagne, l’ESRC (Economic and Social Research Council)  au Royaume-Uni, a été lancé le 19 mars à Widou Thiengoly7 . Les résultats de ce projet donneront sans aucun doute des éclairages sur les perceptions des populations locales vivant autour de la Grande Muraille Verte et dans un paysage institutionnel actuellement en mutation.

De nombreuses recherches scientifiques ont déjà été menées et de nouvelles sont encore à engager pour mieux comprendre, accompagner et participer à la transformation de ce projet d’envergure et plein d’espoir qu’est la Grande Muraille Verte, grâce à l’animation d’une communauté scientifique et à un dialogue entre les scientifiques et les acteurs des territoires.

  • 2Université Cheikh Anta Diop – Observatoire Hommes-Milieux international Téssékéré via l’IRL3189 ESS (sous tutelle CNRS France / UCAD Sénégal / UGB Sénégal / CNRST Burkina / USTTB Mali), Département de Biologie Animale, Laboratoire d'Ecologie Végétale et d'Eco-hydrologie et Département de géographie, Sénégal
  • 3CNRST – Centre national de la recherche scientifique et technique, Burkina Faso
  • 4Université de Niamey et Centre régional AGRHYMET, Niger
  • 5Université de N’Djamena et Musée des sciences naturelles du Tchad, Tchad
  • 6UMR SELMET – Systèmes d’élevage méditerranéens et tropicaux (sous tutelle CIRAD / INRAE / Institut Agro) et UMR5115 LAM - Les Afriques dans le Monde (sous tutelle CNRS / Institut d’études politiques de Bordeaux, Université Bordeaux Montaigne), France
  • 7https://www.ids.ac.uk/projects/the-great-green-wall-and-sahelian-environmental-imaginaries-green-fix-and-the-persistence-of-a-policy-idea/