Les effets complexes du Dernier Maximum Glaciaire sur les régions tropicales

Résultats scientifiques

Comment les populations humaines des régions tropicales ont-elles fait face aux changements climatiques globaux lors du Dernier Maximum Glaciaire, période datée de - 23 000 à - 19 000 ans, au cours de laquelle le froid a atteint son ampleur maximale ? Une étude publiée dans la revue Journal of World Prehistory révèle que les milieux tropicaux, souvent perçus comme moins impactés, ont en réalité connu des dynamiques environnementales complexes.

En résumé

  • Jusqu’à récemment, le DMG était peu étudié dans les régions tropicales, probablement dû à la perception d’un impact moindre sur ces milieux.
  • L’approche qualitative développée dans cette étude permet d’éviter à la fois une focalisation sur les détails locaux et une généralisation trop large des résultats.
  • Cette période extrême ne semble pas avoir remis en cause l'habitabilité de ces territoires ni entrainé de changements culturels importants.

Le Dernier Maximum Glaciaire (DMG), période située entre 23 000 et 19 000 ans avant notre ère, est l'intervalle le plus récent de l'histoire de la Terre au cours duquel les calottes glaciaires ont atteint leur volume maximal. À l’échelle globale, cette période se caractérise par des minimas à la fois des niveaux marins, des températures et des précipitations. Le DMG est considéré comme un marqueur chronologique fort pour les régions de l’hémisphère nord, tant en termes de changements environnementaux que d’impact sur les populations de chasseurs-cueilleurs. À l’inverse, cette période demeure peu étudiée dans les régions tropicales, perçues comme « fragiles, mais stables » et moins impactées par le DMG.

Une équipe de chercheurs des laboratoires Histoire Naturelle des Humanités Préhistoriques (HNHP - CNRS / MNHP / Univ. Via Domitia), Environnement Dynamique des Territoires et de la Montagne (EDYTEM - CNRS / Univ. Savoie Mont Blanc) et du Centre de Recherche en Archéologie, Archéosciences et Histoire (CReAAH - CNRS / Le Mans Univ. / Ministère de la Culture / Nantes Univ. / Univ. Rennes / Univ. Rennes 2), a étudié les données paléoenvironnementales et archéologiques de six régions tropicales, sur une durée allant de - 30 000 à - 10 000 ans, couvrant ainsi les périodes pré-DMG et post-DMG. 

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Carte montrant la localisation des sites datés des six régions considérées au cours de trois grandes périodes chronologiques : pré-DMG, DMG et post-DMG. © Alice Leplongeon et al. 

Les scientifiques montrent que ces régions abritaient des environnements diversifiés, dont les dynamiques ont pu varier au cours du DMG. Cette période extrême ne semble pas avoir remis en cause l'habitabilité de ces territoires, à quelques exceptions locales près. En dépit de bouleversements environnementaux parfois importants, ceux-ci sont rarement corrélés à des changements culturels.

Ces résultats soulignent l'intérêt d'inclure les régions tropicales dans toute recherche concernant les relations humains-environnement pendant le DMG, afin de garantir une analyse à l’échelle mondiale.

Crédit photo bandeau haut de page : © Romain SCHLAPPY/LGP/CNRS Images

Laboratoires CNRS impliqués 

  • Histoire Naturelle de l’Homme Préhistorique (HNHP-CNRS / MNHP / Univ Via Domitia) 

  • Environnement Dynamique des Territoires et de la Montagne (EDYTEM-CNRS / Univ Savoie Mont Blanc) 

  • Centre de Recherche en Archéologie, Archéosciences, Histoire (CReAAH-CNRS / Le Mans Univ / Ministère de la Culture / Nantes Univ / Univ Rennes / Univ Rennes 2)   

Référence de la publication 

Leplongeon, A., Arous, E. B., Mesfin, I., Forestier, H., Gallet, X., Griggo, C., Puaud, S., Sémah, A., Vialou, A., Pleurdeau, D., & Lourdeau, A. (2025b). The Last Glacial Maximum in the Tropics: Human Responses to Global Change. Journal of World Prehistory. Publié le 24 septembre 2025. 

Contact

Alice Leplongeon
Histoire Naturelle de l’Homme Préhistorique (HNHP-CNRS / MNHP / Univ Via Domitia)