Les oiseaux marins face à la pollution plastique : un enjeu global

Résultats scientifiques

Une nouvelle étude révèle les zones de l'océan où les oiseaux marins sont le plus à risque de subir la pollution plastique, à travers le monde. En étudiant les déplacements alimentaires et de migrations de 7 137 oiseaux appartenant à 77 espèces, les chercheurs et chercheuses ont identifié les points chauds d’expositions aux plastiques en mer et ont mis en évidence la nécessité d’une collaboration internationale pour y remédier. Ces travaux sont publiés dans Nature Communications.

Les pétrels forment un groupe d’oiseaux marins peu étudié mais vulnérable, qui joue un rôle clé dans les réseaux alimentaires océaniques. Leur répartition sur l'ensemble de l’océan mondial en fait des « espèces sentinelles », détectant précocement les menaces générales qui pèsent sur les écosystèmes marins. De nombreuses espèces d'oiseaux marins sont sensibles à la pollution plastique, car elles ingèrent souvent du plastique ou s'y empêtrent lorsqu'elles se nourrissent. Les pétrels, qui parcourent de vastes distances lors de leur recherche de nourriture et de leur migration, sont particulièrement sensibles car ils régurgitent rarement les éléments indigestes et accumulent donc le plastique dans leur estomac.   

Les oiseaux marins ingèrent souvent de petits fragments de plastique, soit directement car ressemblant à de la nourriture ou indirectement en consommant des proies qui en ont consommé. Cette ingestion peut entraîner un empoisonnement lié aux substances nocives contenues dans le plastique, des lésions internes pouvant conduire à la plasticose (une maladie causée par le plastique récemment découverte) ou une obstruction de l’estomac conduisant les oiseaux à mourir de faim.

Compte tenu de l'augmentation de la pollution plastique partout dans le monde et de sa répartition inégale dans l’océan, il est essentiel de comprendre où les oiseaux marins sont le plus à risque de rencontrer du plastique afin de prendre des mesures d'atténuation et de conservation. Pour identifier ces zones, plus de 200 chercheurs et chercheuses internationaux[1] ont mis en commun leurs données de suivi spatialisé d’oiseaux marins, recueillies sur une période de 26 ans, qui ont été superposées à des cartes préexistantes de la distribution des plastiques dans l’océan, afin d'identifier les endroits où les oiseaux sont le plus susceptibles d'entrer en contact avec ces plastiques.

Les résultats, publiés dans Nature Communications, ont mis en évidence que les zones à plus haut risque d'exposition sont situées en Méditerranée et en mer Noire, qui représentent à elles deux plus de la moitié des risques d'exposition au plastique. D’autres zones à haut risque existent dans le Pacifique Nord-Est et Nord-Ouest, l'Atlantique Sud et le Sud-Ouest de l’océan Indien. D’autres régions comme l'Asie de l'Est et du Sud-Est ne possédaient que peu de données.

Des espèces très menacées, telles que le puffin des Baléares (l’oiseau marin le plus menacé d’Europe), le puffin de Newell et le pétrel des Hawaï, présentent un risque d'exposition aux plastiques particulièrement élevé, ce qui est préoccupant pour des espèces qui subissent déjà de nombreuses menaces liées aux activités humaines, telles que la prédation par des espèces invasives, la pêche et le changement climatique.

Infographie
Pour plus de ressources : New research highlights where threatened seabirds are most exposed to marine plastics - BirdLife International
 

[1] Cette étude a été menée par BirdLife International en partenariat avec Fauna & Flora International, la British Antarctic Survey, l'Université de Cambridge, le 5 Gyres Institute et de nombreux collaborateurs à travers le monde, dont le CNRS. 

Référence de la publication

Clark, B.L., Carneiro, A.P.B., Pearmain, E.J. et al. Global assessment of marine plastic exposure risk for oceanic birds. Nature Communications (2023). Publié le 04 juillet 2023.

Laboratoires CNRS impliqués

  • Biologie des organismes et écosystèmes aquatiques (BOREA - CNRS/IRD/MNHN/Sorbonne Univ.) 
  • Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE - CNRS/EPHE - PSL/IRD/Univ. Montpellier)
  • Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC - CNRS/La Rochelle Univ.)
  • Écologie marine tropicale des Océans Pacifique et Indien (ENTROPIE – Ifremer/IRD/Univ. La Réunion/Univ. Nouvelle-Calédonie/CNRS)
  • Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie marine et continentale (IMBE - Aix-Marseille Univ./Avignon Univ./CNRS/IRD)

Objectifs de développement durable

ODD  

  • Objectif 14 : Vie aquatique.
    La réduction de la pollution marine est une cible de l’ODD 14 (14.1). Cette étude identifie des zones clés de pollution menaçant la biodiversité. L’étude contribue également à l’amélioration des connaissances scientifiques (14.a) et la conservation des océans (14.c).
  • Objectif 6Eau et assainissement

  • Objectif 17Partenariats internationaux

     

Contact

Marie-Morgane Rouyer
Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE - CNRS / Université de Montpellier / Université Paul Valery Montpellier 3 / EPHE / IRD)
Paula Dias
Contact communication - Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE - CNRS / EPHE / IRD / Université de Montpellier)