L’origine du mouton domestique enfin élucidée

Résultats scientifiques

Le mouton domestique (Ovis aries) n’a pas d’ancêtre sauvage en Europe. Il a été introduit sur ces continents au Néolithique, il y a 8700 à 7000 ans. Son origine, jusqu’à présent controversée vient d’être enfin complètement élucidée par des études génétiques et paléogénétiques réalisées dans le cadre de collaborations de longue date entre des laboratoires français et iraniens. Les résultats sont publiés dans la revue Animal genetics.

Dans cette étude, de grands échantillons d'individus domestiques modernes et anciens et de leurs plus proches parents sauvages : le mouflon du Proche-Orient (Ovis gmelini), l'Urial du Moyen-Orient (Ovis vignei) et l'Argali d’Extrême-Orient (Ovis ammon) ont été génotypés. Une phylogénie fondée 213 séquences inédites d’ADN mitochondrial a confirmé que O. gmelini est le seul ancêtre maternel de tous les moutons domestiques actuels. Elle exclut toute contribution de O. vignei ou même des hybrides naturel O. gmelini × O. vignei.

Cette étude a également produit 54 nouvelles séquences de la région de contrôle montrant que les moutons domestiques comportent seulement quatre des nombreux haplogroupes régionaux de leur ancêtre sauvage O. gmelini (groupes A, B, C et E qui caractérisent la sous espèce O. gmelini gmelini). Cette observation a permis de localiser le centre de domestication dans une région comprise entre l’Anatolie orientale (actuelle Turquie) et le Zagros central (actuel Iran). Cette partie de l’étude règle un autre problème, celui d’une éventuelle domestication du mouton en Chine, car elle exclut toutes les régions situées à l’est de l’Iran.

En outre, 57 nouvelles séquences d’ossements archéologiques de moutons néolithiques provenant d'une large zone comprenant l'Anatolie et toute l'Europe, montrent la présence précoce d'au moins trois haplogroupes mitochondriaux (A, B et D) sur les routes d’est en ouest de diffusion néolithique du mouton en Europe. Ces résultats soulignent que les ancêtres des premiers moutons néolithiques d’Europe réunissaient une large diversité génétique, preuve que leur domestication s’est déroulée dans une vaste région du Proche-Orient.

Laboratoires CNRS impliqués

  • Archéozoologie, Archéobotanique : Sociétés, pratiques et environnements (AASPE - CNRS/MNHN)
  • Laboratoire d'Écologie Alpine (LECA - CNRS/Univ Grenoble Alpes / Univ Savoie Mont Blanc)
  • Institut de génomique fonctionnelle de Lyon (IGFL - CNRS/ENS Lyon)

Référence

Her C, Rezaei HR, Hughes S, Naderi S, Duffraisse M, Mashkour M, Naghash HR, Bălășescu A, Luikart G, Jordan S, Özüt D, Kence A, Bruford MW, Tresset A, Vigne JD, Taberlet P, Hänni C, Pompanon F. Broad maternal geographic origin of domestic sheep in Anatolia and the Zagros. Anim Genet. 2022 Mar 14. doi: 10.1111/age.13191. Epub ahead of print. PMID: 35288946.

Contact

Marjan Mashkour
Laboratoire d'Archéozoologie, Archéobotanique : Sociétés, Pratiques et Environnement (AASPE - CNRS/MNHN)
Thomas Cucchi
Correspondant communication - Laboratoire d'Archéozoologie, Archéobotanique : Sociétés, Pratiques et Environnement (AASPE - CNRS/MNHN)